*En référence à la communication antérieure avec la ministre, celle-ci ci-bas, sous la réponse de M. Walsh.
Madame la ministre,
Tout d'abord, merci de votre réponse, et désolé de n'avoir pû y répondre avant.
Je conviens avec vous que notre pays a, depuis très longtemps, entretenu des liens avantageux avec Cuba, favorables tout autant pour les deux partenaires. Aussi, il est vrai qu'il a joint sa voix à la très grande majorité des pays présents à L'Assemblée Générale annuelle de l'ONU, condamnant l'injuste et immoral embargo américain.
Cependant, lorsque vous prétendez vouloir défendre un engagement à promouvoir un changement de système économique et politique, vous appliquez ici une politique d'ingérence et de non-respect du droit à l'auto-détermination de Cuba. Vous prenez prétexte de vouloir défendre les droits politiques et civils des cubains alors que ces derniers se sont donnés des structures et des organisations répondant à leurs besoins. Pourquoi donc devrions nous leur imposer un système à notre image ? Soit, le leur n'est pas parfait, mais le nôtre l'est-il ?
Vous dites que vous travaillez avec Cuba, dans de nombreux forums multilatéraux ; pourtant, c'est plutôt le contraire que nous constatons avec votre position faisant l'écho de celles des É-U, même en précurseur devant ce dernier pays. Le Canada n'a -t-il pas été le seul pays avec les É-U à s'opposer à la participation de Cuba au dernier Sommet des Amériques en Colombie, dont vous faites ici mention ?
Vous avez alors prétendu qu'il ne rencontrait pas les principes démocratiques pour permettre sa participation. Et la Colombie alors ? là où les assassinats de dirigeants syndicaux sont monnaie courante, les découvertes de charniers humains, des dirigeants impliqués dans les massacres perpétrés par des para-militaires. Rien de tout çà à Cuba; pas de disparition, pas de torture ni de gaz lacrymogène pour disperser les opposants.
Quels sont donc ces valeurs que vous voudriez que les cubains adoptent ? Serais-ce les milliers de médecins envoyés dans les pays pauvres ou l'éducation et la santé gratuite offert à ses habitants qui ne cadreraient pas avec les valeurs que sont les nôtres ?
Vous parlez d'élections concurentielles comme gage de démocratie; pensez-vous vraiment qu'elles seraient concurentielles à 150 kilomètres du pays le plus puissant au monde, qui occuppe une base militaire sur le territoire contre le gré du pays, qui finance à coup de millions, sans même s'en cacher, une opposition fabriqué sur le terrain, en contact direct avec une mafia cubano-américaine en Floride, responsable de milliers de morts, par actions terroristes à partir du territoire américain?
Madame la ministre, merci de vous préoccuper du sort des cubains, mais ne vous en faites pas, ils s'accomodent bien de leur système et sont fiers de leur dirigeants. Leur plus grande préoccupation ne se situe pas au niveau de la liberté de presse ou de la libre expression, mais bien par toutes les privations et difficultés de tout genre que leur afflige ce blocus criminel et génocide imposé par l'Empire.
S'il vous plait, faites en sorte que notre gouvernement canadien se tienne enfin debout et adopte une politique indépendante de celle des É-U. Plutôt que de vouloir imposer nos valeurs à ce petit pays pacifique, faites plutôt la promotion de celles que ce système, imparfait soit-il, peut véhiculer en terme de justice et de générosité.
Michael Walsh
Association québécoise des amiEs de Cuba
Boischatel, Québec
Le 26 juin 2012
____________________________________
Monsieur,
Je vous remercie de votre courriel du 9 mars 2012 au sujet de la position du Canada sur la participation de Cuba au Sommet des Amériques.
Le Canada entretient une relation de longue date, active et mutuellement avantageuse avec Cuba, qui remonte à 1945. Cette relation comprend non seulement le commerce, l’investissement et le tourisme, mais également l’aide au développement et les échanges académiques et culturels. Notre engagement à Cuba repose sur un objectif essentiel : promouvoir l’émergence d’un système politique et économique plus ouvert qui respecte les droits civils et politiques des citoyens. Nous sommes d’avis que des élections concurrentielles, de pair avec une liberté d’expression, d’association et de presse sont toutes des pierres angulaires d’une société démocratique. Sur le plan bilatéral, nous croyons que l’engagement est le moyen le plus efficace d’encourager le gouvernement cubain à adopter ces valeurs.
Dans de nombreux forums multilatéraux, tels que l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Canada travaille également avec Cuba dans le but d’atteindre des objectifs communs. Nous avons appuyé la résolution de l’ONU faisant appel à la fin de l’embargo américain contre Cuba chaque année depuis 1993, notamment lors de la plus récente Assemblée générale de l’ONU en septembre 2011. Le Canada est opposé à l’application extraterritoriale de sanctions unilatérales de la part des États-Unis, qui mine le droit des entreprises canadiennes à mener leurs activités de manière conforme à la pratique commerciale internationale et aux lois du Canada, et qui ne respecte pas le droit international.
Lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) de 2009, le Canada a également appuyé une résolution révoquant la suspension de Cuba de l’Organisation. Cette résolution a dessiné un parcours de réintégration de Cuba mettant en jeu « un processus de dialogue entamé à la demande du gouvernement de Cuba et en conformité avec les pratiques, buts et principes de l’OEA ». À ce jour, Cuba a choisi de ne pas entamer ce dialogue, et a indiqué qu’elle ne souhaite pas réintégrer l’OEA.
Lors du Sommet des Amériques tenu en avril 2012 à Cartagena en Colombie, auquel j’ai assisté en compagnie du premier ministre Stephen Harper, le Canada a défendu la clause sur la démocratie adoptée à l’unanimité par les dirigeants lors du Sommet de 2001 à Québec. La clause sur la démocratie stipule que les pays qui participent au Sommet des Amériques doivent assurer un respect rigoureux du système démocratique comme condition essentielle à leur participation.
Même si le Canada continue d’être engagé à l’endroit de Cuba, nous croyons fermement que le respect des normes démocratiques, notamment les élections concurrentielles et la liberté d’expression et de presse demeurent des préalables à la participation au Sommet des Amériques ainsi qu’à l’OEA. Malheureusement, Cuba n’a toujours pas satisfait à ces conditions. Le Canada accueillerait favorablement le retour de Cuba au sein de la famille interaméricaine et espère que Cuba engage un dialogue sur les conditions démocratiques nécessaires à sa participation à des événements régionaux semblables à l’avenir.
Je vous remercie à nouveau de m’avoir fait part de vos vues et je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
La ministre d’État des Affaires étrangères
(Amériques et Affaires consulaires)
L’honorable Diane Ablonczy, c.p., députée
13 juil. 2012
Inscription à :
Articles (Atom)