23 avr. 2011

Lettre à Radio-Canada: Sujet: Émission du 15 avril 2011 à ''Une heure sur terre''

En référence à l'émission intitulée
'' Cuba, au bord de la faillite''





Lettre à Radio-Canada
''Une heure sur terre''
émission du 15 avril 2011
Ref :''Cuba, au bord de la faillite''
M. Jean François Lépine
M. Jean Michel Leprince


Messieurs,

Une fois de plus, vous avez bien livré dans ce reportage ce que Radio-Canada semble s'être donnée comme mission: discréditer les pays dont les systèmes politiques ne plaisent pas aux É-U. Toujours le même scénario; un montage habile, bien sûr en montrant parfois les deux côtés de la médaille mais en mettant beaucoup plus l'accent sur le côté négatif du socialisme en tant que système politique.


Vous nous parlez de Cuba au bord de la faillite en montrant du doigt un système communiste qui ne fonctionnerait plus, en omettant de mentionner au public deux des principaux facteurs responsables des difficultés économiques qui ont rendu nécessaires les modifications apportés au système.


Premièrement, pas un mot de mentionné sur le blocus de plus de 50 ans imposé par les différentes administrations américaines.

Un embargo criminel dont le but avoué est d'en finir par tous les moyens, y compris la faim, avec ce ''régime'' différent qui dérange dans l'arrière-cour.


Ensuite, vous passez sous silence la grave crise économique mondiale que la planète est entrain de traverser, dont l'unique responsable est l'Empire étasunien. Comme cette crise a eu des répercussions tragiques sur les pays les plus pauvres de la planète, Cuba en a aussi souffert.

Par conséquent, compte-tenu des deux facteurs précédents, il n'aurait pas été exagéré qu'on s'attende en conclusion de votre émission, que Cuba, dont on prédit la faillite depuis des dizaines d'années, résiste toujours et qu'il relève du miracle le fait qu'il continue à offrir à ses citoyens un système de santé et d'éducation que nos pays riches sont entrain de perdre.

Michael Walsh,
Association québécoise des amiEs de Cuba
Boischatel, Québec

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Merci, monsieur Walsh, de vos commentaires.

Je ne réponds habituellement pas aux procès d'intention faits par les téléspectateurs, mais je me contenterai de constater que vous ne contestez aucunement les faits que nous citons dans ce reportage. Ce qui me confirme que nous avons bien fait notre travail de journaliste.


Oui, l'état cubain est en faillite, et c'est même le Président Raoul Castro qui le confirme publiquement. Notre reportage n'avait pas pour but d'analyser les causes de cet état de fait, - vous avez vos hypothèses là-dessus, et je les respecte, - mais de montrer comment le gouvernement entend en sortir en instaurant des mesures visant à privatiser une partie de l'économie.

Si vous aimez Cuba autant que vous le prétendez, vous aurez constaté à quel point les Cubains ont trouvé dans ces mesures une source d'espoir et de prospérité.
C'est tout ce que nous avons voulu montrer. Toutes les autres intentions que vous nous prêtez ne relèvent que de votre imagination.

Merci de l'intérêt que vous portez à Une Heure Sur Terre.


Jean-François Lépine
Animateur-journaliste/Host
Une heure sur Terre
Société Radio-Canada/Télévision


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Merci à vous aussi, M. Lépine d'avoir pris le temps de répondre à ma lettre.

Je dois dire que votre reportage a quand même eu beaucoup de points positifs, contrairement à ce que l'on aurait pû croire suite au ton et à l'emphase misent dans le message répété tout au long de la semaine, nous annonçant l'émission à venir. Votre manière d'employer le mot ''faillite'' cachait mal votre neutralité, et on aurait pû se demander si vous auriez mis autant d'ardeur en parlant de la véritable ''faillite'' qu'a traversé et traverse toujours le système monétaire des banques et des institutions financières américaines, qui sont à l'origine, non seulement des maux de Cuba, mais de la crise planétaire qui ont entrainé dans la faillite, nombre de pays, y compris aux É-U même.

Des milliers de citoyens étasuniens ont perdu leurs emplois, se sont fait saisir leur maison et condamnés à vivre dans des tentes.


À Cuba, on rapporte qu'aucun cubain a perdu sa maison, que les soins de santé sont disponibles pour tous et toutes, et toujours gratuitement, ce qui n'est pas le cas chez leur voisin du nord.

Bon, vous me direz que votre reportage ne portait pas sur les É-U, j'en conviens. Mais j'aimerais que vous me disiez pourquoi, les dernières émissions ''Une heure sur terre'' ont justement traitées de pays qui s'opposent à l'unilatéralisme de la grande puissance. Des pays qu'elle considère être des facteurs de déstabilisation, ayant consacré des millions dans son budget pour justement les ''déstabiliser''. Imaginez que Cuba est toujours injustement sur sa liste de ''pays terroristes'', situation dénoncée récemment par l'ancien président des É-U, en visite d'amitié à Cuba.

Aussi, durant cette visite de Jimmy Carter à La Havane, ce dernier s'est prononcé pour la libération immédiate de 5 cubains, emprisonnés injustement aux É-U depuis 13 ans. Je vais vous épargner l'histoire de ces 5 héros, comme on les appelle à Cuba, sans doute en avez vous pris connaissance au fil de vos recherches et ouvrages journalistiques. Il s'agit en fait, selon de nombreuses personnalités internationales et de plusieurs prix nobels de la paix, une des plus grandes injustices du système judiciaire américain.

J'avais, il y a quelques mois, proposé à votre station de rendre publique ce cas, qui sans doute aurait été très profitable pour votre auditoire, compte-tenu du silence et de la censure aux É-U sur la question, au pays champion de la liberté d'expression.
Aucune nouvelle de votre part, ni même accusé-réception. Ceci dit M. Lépine, rien de tout celà relève de mon imagination, oui je continue à croire que Radio-Canada ne veut pas nuire au ''grand partenaire'' et diffuse des émissions plus propices à lui plaire.

Je continuerai à porter intérêt à ''une heure sur terre'' tout en souhaitant que le vent de gauche qui souffle sur notre Amérique parvienne jusque dans vos studios.

Michael Walsh
Association québécoise des amiEs de Cuba


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Copie conforme au Conseil de Presse du Québec,
Fédération professionnelle des journalistes du Québec
L'Association des journalistes indépendants du Québec.

Monsieur Lépine,

Lors de votre dernière émission de Une heure sur terre, j’ai regardé et écouté le reportage réalisé par votre collaborateur, le journaliste Jean-Michel Leprince, sur les transformations de l’économie cubaine. Je dois dire que malheureusement, j’ai été déçu de la façon dont Monsieur Leprince s’y prend pour présenter une période d’ajustement dans le fonctionnement de l’économie cubaine.

Bien sûr, je pourrais décortiquer le choix des images, car celles-ci semblent choisies le plus souvent pour la vétusté des bâtiments ou leur manque d’entretien, afin de démontrer la tristesse et la pauvreté des lieux. Je dis images choisies, car je connais des images de Cuba qui suggèreraient tout le contraire. Idem pour les quelques malheureux personnages sélectionnés pour imager cette pauvreté que vous vous efforcer de démontrer. Mais ce qu’il manquait à mon avis dans ce reportage c’était vraiment les nuances dans les propos et arguments présentés.

Sans m’éterniser, je soulèverais bien quelques points qui me semblent, sauf votre respect, manquer un peu de rigueur.

Premièrement, lorsque l’on veut faire le portrait économique d’un pays comme Cuba, je ne comprends pas que l’on puisse le faire sans mentionner l’énorme embargo qu’est victime Cuba depuis cinquante ans de la part des Etats-Unis. Jamais, dans l’histoire, un pays n’a eu à subir un tel blocus et aussi longtemps. Cela doit compter dans l’économie d’un pays n’est-ce pas ? On ne peut pas occulter non plus les ouragans et les tornades qui chaque année frappe ce pays et dont résultent des millions de dollars de perte. Aussi, comment pouvez-vous passer sous silence la dure crise économique qui a récemment frappé l’ensemble de la planète, ici où ailleurs, dont bien entendu Cuba en a subit les contre-coups. Seulement ces trois éléments peuvent influencer fortement une économie comme celle de Cuba. Mais, tout ça est passé sous silence.


Deuxièmement, je crois que le choix des dissidents comme personnes crédibles ne passe pas le test. Comme journaliste spécialisé de l’Amérique Latine, vous devriez certainement savoir que Monsieur Oscar Espinosa Chepe, qui ne travaille pas depuis plusieurs années est pourtant connu pour avoir reçu et probablement reçoit encore des subsides étasuniens pour propager de fausses vérités sur la situation à Cuba? Ce personnage est peu crédible de par son ambiguïté dans le système. Tout comme la crédibilité de la blogueuse Claudia Cadelo qui laisse aussi quelque peu à désirer. Je serai bref. Pourquoi la rencontrer sur un banc de parc quand la Havane est supposément infestée de polices secrètes et qu’elle dit être sous haute surveillance et qu’il est très dangereux pour elle de parler à des journalistes étrangers? Pourquoi ne pas l’avoir rencontrer dans son milieu de travail où elle produit son blogue, peut-être chez elle ? Lui demander comment elle gagne sa vie à Cuba ? Comment elle s’est fourni l’équipement informatique ? Comment elle fait pour avoir une connexion haute vitesse à Cuba? Tant de questions qui pourraient contribuer à la recherche de la vérité, mais que Monsieur Leprince se garde bien de poser.

Bref, j’en aurais long à dire sur le manque de rigueur que comporte ce reportage sur l’économie cubaine, mais je m’en tiendrai à l’essentiel présenté ci-haut. Mais vous auriez pu aussi mentionner que pour un pays qui subit un injuste et un cruel embargo depuis cinquante ans, qui a été soumis aux pires actes terroristes montés par la première puissance mondiale, qui, à la mort de l’U.R.S.S , a perdu pendant un temps, 80% de ses importations et 85% de ses exportations, celui-ci malgré cela, jouit d’une espérance de vie de 76 ans et, fournit l’éducation, les soins de santé, le logement, la nourriture de base et la pratique du sport, gratuitement à toute sa population.

Enfin, comme sur le reportage sur Hugo Chavez, Monsieur Leprince et votre équipe semblent avoir un manque de connaissances sur la situation qui prévaut dans ces pays.

Alors, je me ferai un plaisir de vous faire aussi parvenir des articles pertinents sur Cuba lorsque les occasions se présenteront. Je vous en laisse déjà quelques-uns en bas de page.

Merci de votre attention et j’espère que mes critiques seront prises de façon constructive.

Denis Rémillard